Je vous écris suite à une récente rupture. Je suis une jeune femme de 22 ans et j’ai eue une relation avec un homme de 27 ans. Notre histoire n’a tenu qu’un mois.
Au début, tout semblait parfait. Nous partagions des intérêts communs et la vie semblait radieuse. Nous passions du temps ensemble, faisions des câlins. Cependant, je sentais quelque chose qui me paraissait un peu étrange.
D’abord, nos libidos étaient différentes. Je lui avais expliqué ma culpabilité concernant ma libido jugée « trop forte » dans ma précédente relation. Il m’a semblé comprendre, et il m’a dit ne pas être asexuel.
Ensuite, il m’a dit que j’étais la première personne qu’il invitait chez lui. Ça ne m’a pas paru extraordinaire, mais pour lui, visiblement,
ça l’était. Nous nous voyions une fois par semaine. Je dormais chez lui, car nous habitions loin l’un de l’autre.
Enfin, il avait parfois des comportements étranges. La veille de nos rencontres, il dormait mal. Parfois, il annulait sans raison nos rencontres.
Je tiens à préciser qu’à chaque fois que nous nous voyions, il semblait heureux, content et amoureux, mais je sentais bien qu’il était un peu anxieux. Il avait des TOC, il avait coupé les ponts avec son entourage (sa famille, ses amis) et il travaillait à domicile pour éviter de rencontre ses collègues. Il avait une amie mais il la voyait très peu. J’ai également découvert qu’en fait il n’avait jamais eu de relations sexuelles avant moi. Il justifiait ces mensonges par la peur que j’aurais pu le quitter à cause de cela (alors que pour moi ça n’était pas grave).
Il avait parfois des réactions incohérentes, me disant qu’il voulait me voir mais annulant au dernier moment, en disant que je l’avais forcé.
Enfin, l’événement qui a précipité notre rupture : il m’a un jour dit que notre relation ne lui plaisait pas et qu’il fallait changer ou arrêter. Je l’ai très mal pris, d’autant que j’avais un examen le lendemain, et que je déteste les ultimatums.
Après mon examen, je ne voulais plus qu’il me dise des phrases du style « si tu ne changes pas, je romps ». Il m’a envoyé des audios. Je ne les ai écouté, car j’avais l’impression que j’allais en prendre plein la tête et j’avais peur qu’il me dise qu’il rompt. Il m’a alors dit que nous étions incompatibles et qu’il valait mieux rompre, car je voulais qu’il change alors qu’il avait déjà trop de problèmes. J’ai dit que je voulais continuer, en acceptant de faire des compromis pour ne pas lui imposer de pression sexuelle, ça nous a conduit à une conversation qu’il a très mal vécue (même si je n’ai pas eu de propos déplacés). Il a mis fin à la discussion en déclarant qu’il ne voulait plus jamais se remettre en couple.
Voilà, c’est un résumé de notre histoire. J’aimerais savoir si j’ai commis des erreurs en n’acceptant pas de le voir moins souvent, car il voulait qu’on se voie uniquement en journée alors que j’avais beaucoup de trajet. Je pense sincèrement qu’on aurait pu essayer mieux. J’aimerais avoir vos avis sincères sur notre relation, sur la façon dont j’aurais pu réagir différemment ou dont lui aurait pu réagir différemment. Et sur comment je peux m’éviter des problèmes dans le futur.
Bonjour M.
Merci de ce long courrier, qui expose très en détails les difficultés de relation que vous avez eues avec ce garçon. Elles illustrent très bien, je crois, quelque chose que l’on voit se développer de plus en plus souvent.
Ce que vous nous décrivez de ce garçon laisse à entendre qu’il a une grande insécurité relationnelle : il n’a pas encore eu de relation sexuelle à 26 ans, il ne reçoit chez lui qu’exceptionnellement, il est sous l’emprise de TOCs, il a des difficultés de sommeil à l’idée de vous rencontrer, il évite de rencontrer son amie… beaucoup de signes d’anxiété, de peur. D’un côté, il est content de vous voir, il ressent probablement quelque chose de fort pour vous. De l’autre, la rencontre lui fait peur, sans doute parce qu’il a peur de perdre son autonomie en étant avec vous, et peut-être aussi de peur de s’attacher. S’attacher, c’est prendre le risque de souffrir.
Il m’évoque quelqu’un pris dans un piège, tiraillé entre ses sentiments pour vous et la peur de perdre son autonomie. Il a peur de vous perdre, et peur d’être envahi.
Alors il tente une solution : vous contrôler. A la fois pour vous garder, car il n’a probablement pas envie de vous perdre, mais vous contrôler aussi, car il veut éviter à tout prix que vous ne le mettiez en danger.
Il a plusieurs façons de vous contrôler : il vous accuse d’abuser de lui, il vous demande de changer, il met de la pression avec des audios, etc.
De votre côté, vous semblez être une jeune femme beaucoup plus sécure, et beaucoup plus confiante en elle. Vous êtes capable de faire vos choix, d’expliquer vos difficultés, d’expliquer aussi ce que vous désirez, d’accepter des compromis… autant d’éléments qui soulignent que vous êtes normale et que vous n’avez pas de problèmes fondamentaux.
Concernant votre libido, il me semble parfaitement normal qu’elle soit forte à 23 ans, et plutôt anormal de se dire asexuel quand on a la vingtaine. Certains peuvent faire le choix de l’abstinence pour des raisons religieuses, ou idéologiques. Ils n’en sont pas asexuels pour autant, et ils doivent gérer une sexualité contenue, ce qui est très différent. Vous n’avez pas à vous inquiéter de votre libido.
Alors évidemment il vous est difficile d’accepter le contrôle que ce garçon veut vous imposer, et je vous comprends. Vous avez votre autonomie, et la fonction d’un couple n’est pas de mettre des freins à l’épanouissement, mais au contraire d’aller vers plus d’épanouissement. Un couple qui contraint et qui met des limites… je ne le souhaite à personne !
Je me réjouis de voir que vous avez su mettre un stop à cette relation qui probablement vous aurait fait plus de mal que de bien. Gérer différemment cette relation ? Je ne suis pas certain que cela aurait pu marcher. Cela aurait pu retarder l’échéance sans doute, mais aurait-il été bon pour vous de rester plus longtemps dans une relation tourmentée ?
Pour l’avenir, puisque vous demander un avis sur comment éviter des problèmes dans le futur : je vous suggère de vous tourner vers quelqu’un qui se souciera de votre épanouissement, de votre bonheur, et qui sera heureux de vous voir fleurir dans votre liberté.
Permettez-moi enfin de vous suggérer la lecture du chapitre sur l’Amour, dans « le Prophète », de Khalil Gibran.
Je suis bien sûr à votre disposition si vous désirez aller plus loin dans cet échange.
Guillaume Lemesle
Hypnose – Thérapies brèves
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