L’effet Pygmalion…
qui nous aide ou nous joue des tours !
Vous connaissez Pygmalion : ce sculpteur de la mythologie Grecque était tombé amoureux de sa création, une statue d’ivoire, à laquelle Aphrodite a donné vie. La légende est entrée dans la culture, et pygmalion est devenu un mot courant, désignant une « Personne amoureuse d’une autre et qui la conseille et la façonne pour la conduire au succès » (Larousse en ligne).
Connaissez-vous maintenant « l’effet Pygmalion » ? Il s’agit d’une prophétie autoréalisatrice, qui fait que si l’on croit qu’une personne est douée, talentueuse, intelligente, on se comporte avec elle d’une façon telle que rapidement cette personne manifeste dons, talents et intelligence. A l’inverse, si l’on croit qu’une personne est stupide et peu intelligente, on se comporte avec elle de telle façon qu’elle manifeste rapidement stupidité et bêtise.
L’effet Pygmalion a été mis en évidence par Rosenthal, d’abord avec des rats, à l’occasion de tests d’intelligence, puis avec des enfants, lors d’expériences pédagogiques.
Ces secondes expériences sont particulièrement intéressantes. Rosenthal et sa comparse Jacobson ont sélectionné des classes dans des quartiers défavorisés de San Francisco, et s’y sont présentés comme réalisant une étude sur l’éclosion de l’intelligence. L’expérience, telle qu’ils la présentent, consiste à faire passer un test de QI aux élèves d’une classe, puis à revenir un an après, faire de nouveau passer un test de QI aux mêmes élèves, après avoir laissé l’enseignement se faire normalement pendant l’année.
Dans la pratique, Rosenthal et Jacobson organisent une fausse fuite des résultats du premier test : ils font connaître aux enseignants des résultats trafiqués, améliorant les résultats de 20% des élèves, tirés au hasard. Un an après, le nouveau test de QI fait apparaître que les élèves dont les résultats étaient surévalués ont amélioré leurs performances de 5 à 25 points par rapport au premier test. Grâce au regard porté par les enseignants sur ces élèves, ils ont mieux progressé que les autres.
La conclusion : en pensant que quelqu’un possède une caractéristique, nous changeons notre propre attitude vis-à-vis de cette personne, et l’influençons de telle sorte qu’elle va effectivement acquérir cette caractéristique ou l’exprimer de façon plus flagrante. C’est l’effet Pygmalion.
L’effet Pygmalion fonctionne dans les deux sens : si l’on considère quelqu’un comme intelligent, il devient plus intelligent, et si l’on considère quelqu’un comme idiot, il devient plus idiot.
Et en entreprise ? Et bien, l’effet Pygmalion fonctionne tout aussi bien. On peut même, dans certains cas, en parler ouvertement avec les collaborateurs. « Mon manager ? Oh, il me prend pour un imbécile, alors bon, je ne me casse pas la tête, hein… » « Le chef ? Il contrôle tout ! Du coup, je ne m’embête pas. De toutes façons il trouve toujours quelque chose à redire, alors je fais le truc vite fait, et lui il rectifie. Comme ça, je suis sur que ça lui convient… »
Évidemment, ça n’est pas toujours aussi flagrant, et dans beaucoup de cas, l’effet est beaucoup plus rampant. Il n’en est que plus pervers. Mais à coup sur on peut le reconnaître dans les entreprises, ou dans les équipes, où les collaborateurs ont peu d’autonomie, peu de responsabilités, dans celles où les process sont souverains, ou bien les contrôles omniprésents sans que ce soit justifié. Ces entreprises paient alors le prix de collaborateurs qui se laissent porter, et soit dépriment (ou s’en vont), soit s’installent dans une confortable apathie.
A l’inverse, certaines entreprises valorisent et favorisent l’autonomie, la responsabilité et la remise en cause. L’effet Pygmalion stimule les collaborateurs, qui manifestent alors beaucoup plus d’autonomie, de sens des responsabilités, d’intelligence et de créativité.
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