Au sujet du dialogue au sein de l’entreprise, je vous propose ces quelques mots de François Dupuy :
[…] Qu’on ne s’y trompe pas, le discours managérial « avale » et rationalise sans difficulté [la] situation. On observe sans surprise une distance extrême […] entre le discours des cadres supérieurs – vocabulaire dernier cri, notions à la mode – et la réalité des acteurs, y compris les « autres » cadres, en fonction des ateliers. Là où les uns parlent volontiers « d’excellence industrielle », les autres ne voient qu’un fonctionnement à la limite du raisonnable. En somme, les différents acteurs ne vivent pas dans le même monde et n’ont pas les mêmes perceptions. Chacun d’entre eux se protège à sa manière, qui par une norme de travail dégradée, qui par une rhétorique sans rapport avec la réalité.
« Les chefs d’équipe n’ont pas le niveau pour écouter les gens », dit un opérateur. A quoi un autre ajoute : « Aujourd’hui on a multiplié les barreaux de l’échelle. En haut, ils ne sont au courant de rien. » Et un troisième de conclure : « De toute façon, entre la hiérarchie et l’ouvrier, il y a un mur qui se construit. Ce sont les chefs d’unité qui font le tampon. Ce sont eux qui sont les plus isolés. Au dessus, ils sont sur du y a qu’à, faut qu’on. »
Il est frappant de constater qu’au delà d’une petite minorité qui tire avantage de la situation, personne ne semble en être heureux. Aucun des acteurs n’a exprimé un quelconque enthousiasme, non plus d’ailleurs qu’un quelconque cynisme. Simplement une grande résignation, beaucoup de passivité et surtout de la méfiance vis-à-vis des autres parties prenantes. Selon un modèle souvent observé, l’ensemble tourne dans une spirale sans fin du perdant-perdant. […]
François Dupuy - Lost in management - Points Essais - pages 49 et 50
Dommage… Il suffirait probablement de pas grand chose. Un peu plus de dialogue ?
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